Ecole de Brent.

Retrouvailles 1939-2002  

 

 

Notre maîtresse

Les grands

Les plus jeunes

Canadienne et Suédois

Depuis longtemps déjà Denise caressait le souhait de revoir ses camarades de classe.

Le temps passant, les années s’additionnant, il fallait  faire vite maintenant  si l’on voulait en retrouver quelques uns parmi les 28 qui figurent sur la photo de classe de 1939.

Poussée par une amie, Denise se décide enfin à rencontrer  Lucie la fille de l’épicier restée au village.

Ensemble, elles font travailler leurs mémoires et retrouvent peu à peu des prénoms, des noms et,  le plus étonnant, Liliane, immigrée au Canada depuis 1954  et retrouvée grâce à l’aide de Richard. Jean-Jacques s’enquiert de l’adresse de Jacky qui demeure en Suède et Denise trouve   en consultant internet l’adresse de; Mariette, Jacqueline, Charles  et Nelly.

Il faut savoir que les élèves que recherche Denise,  sont pour les plus âgés nés en 1929, et  les plus jeunes en 1932. Nous sommes en 2002, inutile de vous dire qu’il est impossible de les rassembler tous. Sur 28 que nous étions, 9 sont décédés et  5 ne viendront pas et pour les 5 autres nous n’avons pas encore retrouvé leur trace.  

 

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La rencontre fut donc fixée à l’hôtel de Chailly
 le mercredi 2 octobre  à 14 heures.
 Nous étions 9, 4 garçons et 4 filles ainsi que notre maîtresse.

Acte 1…

Imaginez vous 9 personnes  qui se rencontrent  après  60 ans. Pour la plupart nous ne nous étions pas revu  depuis l'âge de 16 ans, pour certains même, dès l’âge de 9 ans.

Cheveux blanchis, du moins pour ceux qui en ont encore, rides et embonpoint pour d’autres, difficile de se reconnaître après tant d’années.  

Richard, arrive le dernier. Comme nous tous,  il salue  ....Et ….

" Salut, té qui toi ?"  Alors ... rép, je suis tel ou telle. Il continue tout au tour de la table et … 

 "Salut Té qui toi ? Je suis ta maîtresse  mais tu peux me tutoyer. (Ho là  trop tard le mal est fait). Le pauvre Richard est très mal à l’aise mais nos éclats de rires le rassurent. Il rattrape sa bévue en disant à la maîtresse…

«  C'est tout en "ton " honneur car tu parais le même âge que nous tous. »

Notre maîtresse n'a que 12 ans de plus que les plus âgés nés en 1929. Quoi de plus normal que la différence ne se remarque pas.  

Grâce à l’intervention de Lucie une petite salle, chaleureuse et très confortable, est réservée au premier étage de l’hôtel. Les premiers contacts pris, Denise donne les informations sur 4 absents. Mariette,  Nelly, Charles  et Jacqueline, ils  ne viendront pas, ils le regrettent beaucoup, des choix sont à faire, ils ont d’autres priorités qui les retiennent ailleurs.

Liliane, établie au Canada, donne  à Denise chaque jour de ses nouvelles via internet. C’est ainsi qu’elle  peut  lire et montrer aux camarades présents des photos d’elle et de sa famille. Ils sont tous très étonnés en apprenant avec quelle facilité la communication est rapide grâce à la technologie.

Allemands d’origine, la famille de Liliane, bien que tous nés en Suisse,  plient bagages en octobre 1939 et quitte le village pour aller s’installer dans un pays dont ils ne connaissent ni la langue ni les habitudes, c'était la déclaration de guerre et, à cette époque chacun rentraient dans son pays d'origine.

Chacun de nous présents se souviennent. Nous sommes obligé d’admettre que nous n’étions pas très conscients à ce moment là de toutes les souffrances que cette famille allair endurer.  La guerre terminée il était difficile de trouver du travail en Europe. A 22 ans Liliane décide d’immigrer seule au Canada. C’était fréquent à cette époque, affirme t elle.  Quelques mois plus tard elle se marie et là elle construit sa nouvelle vie et trouve enfin le bonheur aux antipodes de son village natal.

C’est Jean-Jacques qui donne des infos de Jacky marié et vivant en Suède. Informé trop tard, il aurait bien aimé se joindre à nous mais  un voyage de cette nature ne s’improvise pas en 2 semaines, il téléphone le matin même à Jean Jacques et nous fait transmettre ses  bonnes salutations et amitiés.

Denise :  
J’ai bien regretté qu’il ne soit pas présent car c’est le seul avec lequel j’ai fait toutes mes classes, de  l’école enfantine, à la confirmation.  J’aurais bien aimé lui raconter une anecdote arrivée chez  Monsieur Rey régent à Chailly.

Nous avions un travail écrit ce jour là et ce devoir comptait pour des notes. Dans ce cas il n’était pas question de copier sur le voisin. Nous étions installés  chacun à une table pour éviter la tricherie. Il devait sans doute être question d’un travail de calcul. De nos jours on dit math, cette branche n’étant pas ma préférée, je me tourne vers Jacky espérant recevoir de l’aide. Mais, trop insistante je n’avais pas vu que le régent avait un œil sur moi. Il était d’usage que le régent nous interpelle par notre nom de famille, j'entends alors :

Le maître d'une voix grave et solennelle dire : «  J’élève mes yeux vers Maeder d’où me viendra le secours » Insinuant bien entendu le verset de la bible qui dit : j’élève mes yeux vers l’Eternel d’où me viendra le secours.  Ouf,  toute honteuse d’avoir été prise en flagrant délit, je n’ai pas fait vieux pour remettre mon nez sur mon travail écrit.

Nous étions les tout premiers élèves de « Mademoiselle Weber »  toute jeune enseignante en 1939. Quelle belle émotion pour chacun de nous d’avoir la joie de vivre ces moments de retrouvailles avec celle qui nous a appris l'ABC de la vie scolaire.  
C’était sans doute  un beau  cadeau  que nous lui faisions et que nous nous faisions également de nous retrouver après tant d’années et de participer à ces retrouvailles.  

Certains ont avoué que l’idée de nous revoir a coûté quelques nuits de sommeil et j’avoue quant à moi,  qu’un jour de diète s’imposa afin de remettre mon foie dans de meilleures conditions.  

Mais d’emblée nous n’avions pas l’intention d’en rester là. Une nouvelle rencontre est prévue pour l’an prochain espérant rassembler les « exilés » et nous  leur donneront cette fois le temps de s’y préparer .

 

Après ces premières retrouvailles nous décidons de faire un tour au village de Brent.  
Lucie avait demandé à la concierge de notre école de nous permettre d’entrer dans la classe.

Denise : Je ne sais pas ce que d’autres ont pensé de cette visite, dans la salle d’école. Ce fut pour moi  la seule déception de la journée. Je n’ai pas retrouvé  une classe d’école, mais des dessins collés contre les murs, des objets de toutes sortes,  un peu partout, une radio même, et sur la table de la maîtresse,  un vrai foutoir.

Les chaises et les tables sont de toutes les couleurs et rangées en carré. Non vraiment ce n’est pas une salle d’étude  mais bien une salle de jeux.
En 1939, nos tables et nos bancs étaient en bois naturel, ils formaient trois rangées, bien alignées au cordeau, le pupitre de la maîtresse était fait du même bois, tout était propre, net, rien ne traînait nul part. On distinguait juste quelques morceaux de craie sur le rebord du tableau noir qui démontraient l’efficacité de l’enseignement. Dans les couloirs déjà, cela sentait bon l’encre et la gomme usée.

Non plus aucun reflet du passé,  ni odeur, ni atmosphère plus rien qui me le rappelle.

Ha j'oubliais ! Il y a même un canapé derrière un paravent qui  permet à l'élève qui aurait passé trop de temps devant la télé le soir précédent, de pousser un petit somme... Non, vraiment, ce n’est pas sérieux. :- )))

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