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Un jour j'ai approché  le monde du silence. Oh ! mais, à tout petit pas, je ne suis pas allée très loin, car ce monde est trop riche, beaucoup trop "animé" pour l'entendante que je suis. Je n'ai pas osé franchir la porte de peur de déranger. Je suis restée en retrait comme si ce monde ne m'appartenait pas, tant il est riche et le mien pauvre. Malgré tous les mots que j'entends, bien malgré moi parfois ; malgré tous les mots que je prononce, le plus souvent pour ne rien dire ; la communication reste stérile.
A l'entrée de ce monde j'ai découvert une richesse que je ne soupçonnais pas, un monde merveilleux. Dans ce monde j'ai vu de la place pour penser, pour imaginer, pour créer et simplement pour vivre ! Ils ne s'embarrassent pas de vains mots, ceux-là même qui empêchent l'individu à s'écouter et à s'entendre. Ils n'entendent du dehors que ce qui leur est utile, ils entendent mieux de l'intérieur. Les sentiments semblent plus timides, plus réservés, mais ils sont beaucoup plus vrais et ils passent avec plus de sincérité.
L'idée que j'avais de la surdité et l'idée que j'avais du privilège d'entendre, se sont d'un seul coup envolé. J'ai compris que ce qui est pris à l'un est sans aucun doute donné à l'autre. J'ai compris également que l'on ne peut pas entendre de l'extérieur et entendre de l'intérieur sans faire l'effort de le vouloir personnellement.
Il y a deux manières de témoigner notre amour.
 
La première c'est d'utiliser la parole et de dire, je t'aime ! Seulement parfois la pudeur nous empêche de le dire aussi simplement. Alors nous utilisons le geste, celui de prendre la personne que nous aimons dans nos bras et de l'étreindre tendrement. Dans ce cas le mot devient inutile et le geste prend alors la place du mot. Selon l'impulsion de notre affection c'est le geste qui fait passer ce sentiment d'amour qui nous envahit. Notre émotion est alors ressentie par celui qui la reçoit avec toute l'intensité souhaitée.

Dans le monde du silence je t'aime se traduit par un geste de la main.
La paume de la main se présente dans la direction de celui à qui le message est destiné. Alors que l'index et l'auriculaire, pointés vers le ciel, obligent le majeur et l'annulaire à se plier.
Toutes les civilisations ont, d'une manière ou d'une autre et de tous temps, donné aux mains le symbolisme du don, de la charité et de la paix. Les doigts également ont un symbolisme qui leur appartient et il est étonnant de constater que :                               
Le pouce est celui du pouvoir.
Le majeur est celui de la mort.
L'annulaire est celui des désirs.
Et l'auriculaire ?
Il possède la force vitale des autres doigts. Ce petit doigt, insignifiant à première vue, est le reflet de tous les autres. C'est sans doute pour cela que le petit doigt à la réputation de tout savoir et qu'il a la fâcheuse habitude d'aller tout redire aux parents !!!

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