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Le ciel … ou, la Méditation.    

 

La journée précédente avait été torride.

La chaleur étant dense à l'intérieur, et n'y tenant plus je décidai d'aller lire sur le balcon. Je m'étendis sur une chaise longue et, les yeux levés vers le ciel, mon livre n'avait soudain plus aucun intérêt  je me mis alors à observer.  

Il était très tôt ce matin là, la rue était déserte on n’apercevait quelques vieux papiers et des feuilles sèchent animant tristement le sol. Le sentiment d'une éventuelle tempête retenait les gens à mettre leur nez au dehors.

 Le gazon donnait des signes inquiétants de lassitude et pouvait l’entendre dire :

<< Quand allais-je pouvoir étancher ma soif ? >>  

Le vent soufflait fort, le temps était à l'orage. Les nuages, se laissant guider par le vent comme de l'ouate ondulaient doucement et harmonieusement dans la voûte céleste. Le ciel était gris bleu, cotonneux et se mouvait comme la mer remuant au rythme des marées.

Je m'aperçu alors que l'espace céleste était beaucoup plus animé que je me l'étais imaginé. Je n'avais jamais pensé, jusqu'à ce jour, qu'il pouvait y avoir autant d'activités et d'habitants dans l'espace, c'est que je n'avais jamais pris le temps de porter mon regard en haut, comme que je le fais avec ce qui fait partie de mon environnement terrestre.

Les hirondelles volaient et dessinaient des arabesques subtiles et gracieuses. Elles ressemblaient à des nuées de papillons qui voletaient de ci, de là, sans trop savoir ce qu'elles cherchaient. Elles se déplaçaient au gré du vent me semblait-il, trop nerveusement néanmoins pour ne pas pressentir que ce qui se préparait n'était pas ordinaire. Elles étaient certainement en quête de ravitaillement, la tempête pourrait durer, les vivres allaient faire défaut, il fallait faire vite.

Les pies et les corbeaux se balançaient, des uns croassant sur les branches du sapin et les autres s'affairant à picorer résolument de gauche et droite, de quoi prendre un peu de réserve au cas ou la disette devrait s’éterniser. Les saules pleuraient, geignaient mais faisaient preuve d'un grand courage et résistaient dignement à cette turbulence. Ils avaient décidé de ne pas se laisser abattre.

<< Ha non ! Disaient-ils, à notre âge. >>  

Chacun se hâtait s’il ne voulait pas se laisser surprendre par l'orage. Tout cela ne m’étonnait pas tant sachant que, ce qui est en bas et comme ce qui est en haut. J'avais l'impression que ce qui se passait là haut, dans le ciel, était le reflet de ce que les humains manifeste sur la terre et qu'il était temps que je l'apprisse.  

Les hirondelles me rappelaient la course à la montre que j'effectuais en quête d'activités de toutes sortes sans même en connaître très bien la valeur ni le sens réel comme le fait chacun de nous à la recherche de qui, de quoi, chacun pour soi, avec une seule idée en tête : gagner de l’argent.

Comme les hirondelles, nous faisons partie du groupe, nous ne voudrions pas qu’il en soit autrement, mais nous continuons à voler de nos propres ailes, pour satisfaire nos propres besoins.

Les deux saules, en s'agitant, me démontraient mes luttes quotidiennes, mes révoltes, et le besoin de chaque individu désireux de vivre mieux.

Le gazon avait tiré du sol tout ce qu'il était en mesure de tirer, il avait épuisé ses forces, il était temps maintenant que l'aide provienne d'ailleurs. Sec et assoiffé, sa vue rappelait toutes nos attentes déçues. Jamais rassasiés, nous nous désespérons tristement devant des problèmes dont nous ne sommes pas les maîtres et nous nous obstinons néanmoins à vouloir les résoudre par nos propres moyens.

Les nuages me rappelaient les jours, lorsque j'échafaudais, desseins et  projets d'avenir, et que, si des uns furent  illusoires et se sont laissés emporter par le vent, d'autres rassemblés ont formés cumulus, nimbus et se sont déversés impitoyablement sur mes entreprises. Dévastateurs ou bienfaisants, nul ne le sait, sans doute les deux. Néanmoins,  tous ces projets, réussis ou non, ont laissé en moi de sérieuses empreintes.

Le couple de saules, la nuée d'hirondelles qui se débattaient contre le vent et la pluie, se retrouvaient néanmoins seul devant leurs propres difficultés. Ce jour là les corbeaux avaient eu la sagesse de prendre avec eux leur bébé afin de lui apprendre les rudiments de la survie c'est-à-dire que : s'il veut manger, il ne peut désormais ne compter que sur lui-même.

La journée fut interminable, oppressante et pesante. Il a fallu attendre la fin de l'après midi pour entendre enfin les premiers coups du tonnerre. Quelques éclairs et, en très peu de temps les forces de la nature déversèrent leurs richesses sur la terre desséchée. Mais voilà ma pauvre terre, ravinée et beaucoup trop assoiffée pour ingurgiter au fur et à mesure l'eau qui lui était nécessaire elle n'était plus en mesure d'apprécier ces largesses. D'ailleurs la grêle s’étant manifestée, ne facilitait pas l'absorption de cette manne venant du ciel et qui s'était fait bien trop longtemps attendre.  

Néanmoins durant ces moments de grande détresse et de peine, les nuages avaient fait oublier, pour un instant du moins, qu'au-dessus d'eux, le ciel pouvait être bleu et clément. Et même si cela ne se voit pas au premier coup d'œil, demain le soleil à l'Est  nous fera bien vite oublier ce que  "hier" fut.

A l'intérieur, tout ce que je touchais était chaud et me rappelait l'air étouffant de la journée précédente. Oui, vraiment il était temps que la température retrouve sa normalité car trop c’est trop. La soif, les tempêtes, les catastrophes, avaient fragilisé les plus forts et terrassé les plus fragiles.

L'air étant devenu un peu moins pesant, la fraîcheur m'avait redonné des forces et du courage. Je décidais alors de rentrer. Dorénavant rien ne serait plus pareil, sachant que la destinée de chacun est tracée dans le ciel.       

d.wm août 00.    

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