Pitchoun est née à 2000 mètres d'altitude et fut  tristement abandonnée  sur un tas de foin par sa mère biologique.
Bien évidemment rien ne nous dira ce qui a poussé cette mère chat à abandonner son enfant de quelques semaines.
Un prédateur, une mère indigne ? Nul ne le sait.
Recueillie par un garçon de passage elle fut transportée en ville et donnée à une dame seule contre bon soins, bien bien entendu ...
La dame promit de bien s'en occuper.

 

 

 

Le soir, dès que la lumière était éteinte, elle arrivait, sautait délicatement au bord du lit et, d'un tout petit miaulement faisait comprendre qu'il fallait soulever le drap afin qu'elle puisse se faufiler le long du dos et se positionner ensuite aux pieds.
Ainsi nous dormions, elle et moi, du sommeil du juste.

Qu'il vente ou qu'il neige, rien ne l'empêchait aux aurores, d'aller faire son petit tour sur le balcon. Elle revenait parfois mouillée et, à sa façon bien à elle de me le demander, elle reprenait la destination de mes pieds, non sans m'avoir bien refroidie en longeant mon dos.

Je devais cependant faire très attention à ne pas trop bouger, sinon, par une "délicate" morsure elle me remettait à l'ordre. L'endroit qui lui tombait sous la dent n'était pas particulièrement insensible bien au contraire. Les pieds, les mollets ou, dans le meilleur des cas, les fesses étaient à sa portée et elle profitait des endroits de mon anatomie pour me faire rester tranquille. Une fois réchauffée et séchée, il ne s'agissait plus de traînasser au lit…

C'est qu'elle se levait tôt … la gredine !

Elle était toujours la première debout. Evidemment le froid de la nuit et sa promenade matinale lui avait donné faim. Je me souviens d'un matin ou, ne répondant pas à son premier appel, elle s'est mise à vider le dessus de la table qui se trouvait près de moi. D'abord, délicatement, de sa patte elle poussa un crayon pour le faire tomber par terre. Ne me voyant pas réagir ce fut un deuxième crayon, pour finalement s'en prendre au réveil, en me surveillant du regard pour voir si j'allais comprendre. Là n'y tenant plus je me levais, lui expliquant que c'était dimanche et que j'avais droit à un moment de paresse. Un bref regard et j'avais compris que je parlais dans le vide.

J'étais levée, le reste n'était pour elle plus que simple formalité.
Frigo, miam miam, nous nous dirigeâmes donc, bon gré pour l'une et mal gré pour l'autre vers la cuisine.

Pitchoun était une vraie connaisseuse. Elle eut tôt fait de refuser systématiquement les boîtes de nourriture qui ne lui convenait pas, pour finalement n'en admettre qu'une, "le kite-kat au thon".

Ouf … Elle voulait bien faire une exception.

Un jour, par malheur pour moi, "elle vit écrit sur la boîte, nouveau". Et bien, du nouveau, elle n'en voulut point.

Durant 6 matins elle refusa net de manger ce que …. l'homme avait cru bien malin de lui faire avaler…

Faute de savoir lire, elle avait du nez ... la Pitchoun.

Excédée, le midi du 6ème jour je me hasarde à lui montrer ma résolution de ne pas céder une fois de plus à ses caprices. Les deux mains sur les hanches et, d'un ton ferme, les yeux dans les yeux, je lui dis:

"On verra bien, ma chère, de toi ou de moi, qui aura le dessus. ! Ha ! "

C'était sans compter sur la manière irrésistible de la plus maligne des deux. …

Un peu plus loin, à l'endroit même où j'avais l'habitude de faire une petite sieste après le dîner, j'aperçois sur le coussin de la chaise, un petit rond rouge foncé.

Heum, c'est encore humide, je hume, oui c'était bien ça. A sa manière elle m'avait signalé :

Pitchoun,
" C'est comme tu veux ma chère ; tu prends ou tu laisses! "
De deux choses l'une. Tu continues avec ce repas nouveau mais dont je n'en veux rien, ou alors tu auras un petit pipi chaque jour.

Moi
"D'accord, ma chère, je laisse."

Dès lors, matin et soir, Pitchoun recevait son ragoût de bœuf, servi et coupé à sa convenance. Sa portion journalière de 300 grs faisait bien son affaire. Mais attention, 'il n'était pas question de changer de boucher, car un seul avait la cote et seule sa viande convenait à son palais "raffiné". J'avais compris le message et, durant les 16 années qu'elle vécut, il n'y eut plus jamais de pipi car Pitchoun n'avait plus aucune raison d'être désagréable.

 

 

Ho non ! Ho non ! Pas méchante du tout ... Coquine oui et....
Un peu possessive, autoritaire,  et tout de même bien décidée à garder ce qu'elle s'approprie.

Pas de panique, elle est bien vivante ...
Pitchoun s'offre une sieste et en profite pour prendre un bain de soleil .
Epicure l'aurait sans doute admise dans son école avec mention ...
* Bien, elle a tout compris *

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