L’huile de noix  

Nous avons de la peine à croire, mais pourtant il existe toujours dans notre petit village un pressoir à huile.  

En effet, il y a près de 150 ans, les arrière-parents et parents de la famille Spörri-Mury l’exploitaient déjà. C’est devenu une tradition familiale.  

Dès le mois de septembre, le patron commence la fabrication de l’huile de colza, de pavots, de noisettes, ainsi que le cidre.  

Puis  vient le tour de l’huile de noix. Il fallait se dépêcher pour que les paysannes  aient le temps de faire leurs beignets de Noël dans cette huile.  

Le patron commence par peser les cerneaux, c'est-à-dire les noix nettoyées de leur coquille. Puis ils sont introduis dans un moulin de façon à les réduire en farine. Cette farine est mise dans un chaudron et cuite à une température élevée. Au bout de quelques minutes, une forte vapeur s’en échappe et la farine de cerneaux se transforme  en une pâte épaisse que le patron brasse avec une spatule.  

Après un quart d’heure de cuisson, le patron empoigne le chaudron et le vide sur deux carrés de jute. Il égalise les deux parts, noue ensemble les quatre bouts de la jute et met séparément les tourteaux dans un moule profond divisé en deux compartiments.

Ensuite, les tourteaux passent dans une presse hydraulique d’où jaillit à flots, dans un arrosoir, l’huile.
C’est un travail pénible, exigeant de la concentration, beaucoup d’énergie, de la méthode et de la patience.

Une fois les tourteaux pressurés à fond, il les sort de moule et les empile sur un long établi. Les paysannes les utilisent pour une ancienne recette le gâteau au nillon.  

Il faut environ 3 kilos de noix bien sèches pour avoir un kilo de cerneaux ou environ un demi litre d’huile.

Apiculteur et garde-champêtre

Faisons connaissance avec Monsieur Eugène Monnet, apiculteur et garde-champêtrer et son épouse Madame Louise Monnet-Monnet, un couple sympatique habitant à Brent.  

Née à Brent,  Mme Monnet n’a pratiquement  jamais quitté ce petit village. Elle fit partie  de la société de la jeunesse et vécut de nombreuses foires qu’elle a bien voulu nous conter.  

La foire commençait le mardi après midi par un cortège à travers le village. Ce jour était réservé à la jeunesse du village qui organisait le soir un bal à la grande salle de l’Union. A cette occasion, les filles étaient toutes vêtues de blanc pour danser, et la fête durait jusqu’au petit matin. Le lendemain, deuxième mercredi de novembre, était le jour officiel de la foire avec la présentation de la Municipalité qui venait manger à l’auberge du Cheval Blanc. Au lieu dit : Clos de la Foire, il y avait le marché du petit bétail. Plus particulièrement des chèvres, qui arrivaient du canton de Fribourg par le Col de Jaman. Sitôt la foire terminée, elles allaient à celle de St martin, à Vevey, le dernier mardi de novembre.  

En 1923, Melle Louise Monnet épousa Mr. Eugène Monnet qui habitait Glion. Ils vinrent s’établir définitivement  au village en 1925.  
Avant son mariage, Mr Monnet était un passionné d’apiculture, puisqu’en 1910 il décida avec son frère de cultiver des abeilles.

La suite vous fera mieux connaître ce métier peu répandu. Mr. Monnet participa à un concours de rucher en 1925-26 et gagna une médaille d’argent de la Société romande d’apiculture avec un total de 100 points sur 120 points.  Il fut inspecteur des ruchers.
A l’heure actuelle, il s’occupe  toujours d’une vingtaine de ruches  environ.  

Apiculture
(culture des abeilles)  

En mangeant avec gourmandise votre tartine de miel, avez-vous pensé au travail des abeilles et de l’apiculteur, sans qui vous ne pourriez pas vous régaler de la sorte ?  

Ces bestioles, dont les piqûres ne sont pas très agréables, sont organisées en une colonie complexe où chacun a sa fonction. A la tête de cette colonie se trouve la reine, dont le rôle est de pondre les œufs assurant la survie  et le développement de la colonie.

Ensuite, nous avons des mâles ou faux-bourdons, qui vivent peu de temps et servent  uniquement à féconder la reine lors de l’essaimage ou vol nuptial ; et enfin, les ouvrières qui sont des femelles stériles. (i.e. qui ne sont pas capables de pondre). Ces dernières sont  les seules à posséder des glandes produisant la cire et les organes servant à la récolte du pollen. Le travail des ouvrières, qui sont les plus nombreuses, est très variés : elles doivent construire les rayons contenant les cellules hexagonales  dans lesquelles la reine pond, nourrir les larves, nettoyer la ruche, maintenir la température de la ruche  constante pour permettre un bon développement des œufs, et butiner pour accumuler des réserves pour l’hiver.

Ces réserves  sont le miel fabriqué principalement  à base de nectar récolté dans les fleurs et le pain des abeilles, à base de pollen.  

C’est là qu’intervient l’apiculteur ; il récolte ce miel et le remplace par du sirop de sucre.
L’apiculteur, coiffé d’un voile (pour éviter les piqûres) enlève le couvercle de la ruche et sort les cadres contenant les rayons de cire dans lesquels le miel est entreposé ; ceci pendant  que son aide, muni d’un soufflet plein de chiffons enflammés fait de la fumée pour étourdir les abeilles. Celles-ci ne sont pas enchantées de se faire voler leur récolte et le manifestent à l’aide de leur aiguillon. C’est en général au mois de juillet que s’effectue cette récolte.  

Maintenant il faut extraire le miel.
Chaque cellule est recouverte d’une mince couche de cire, nommée, opercule, qu’il faudra enlever à l’aide d’un couteau trempé dans l’eau bouillante. Ensuite, le cadre dont les cellules sont maintenant désoperculées est placé dans un extracteur. Cet extracteur comprend une cage en treillis dans laquelle  on dispose un cadre par côté. Cette cage peut tourner grâce  à une manivelle et attendre que le bidon se remplisse.  

La récolte terminée, la ruche a encore besoin de soins. Il faut d’abord quelques nourrissages (sirop de sucre) et ensuite prépare la ruche pour l’hiver. On place une brique sur le toit pour éviter qu’il ne s’envole et on abrite les trous d’envol,  placés sur le devant, par une tuile ou une ardoise inclinée contre la paroi.
Les abeilles seront ainsi protégées du froid  et pourront en toute tranquillité prendre un repos bien mérité.

Floriane Monnet

Tiré du : journal de Brent du 9 novembre 1975
Impression : héliorapid Montreux  

Le pilon et  la pisciculture

Avec la pollution croissante des eaux courantes, il suffit de peu pour que le petit poisson ne devienne jamais grand.
Grâce « au ruisseau » qui prend sa source au Plan des marais de Chaulin situé à quelques centaines de mètres plus haut, l’eau y sort  pure et saine, passe au travers du village ensuite,  une fois passée dans les bassins du pisciculteur  elle va se noyer  quelques centaines de mètres plus bas dans la Baye de Clarens.

Le ruisseau n’aura  fait que passer mais le village peut se vanter d’avoir un pisciculteur qui continue d’exploiter  cette bonne aubaine et reste toujours  très attentif à la santé de ses alevins.

En effet des dizaines de milliers  d’alevins de truitelles, d’omblettes, d’ombles de truites de rivières, de truites grises des lacs de montagnes peuplent ses bassins.
La plupart de ces poissons finiront au court bouillon, à la crème ou au beurre. Quelques uns seulement iront repeupler les rivières.

Sait on qu’il faut 2 ans  pour faire d’un alevin  « une truite portion » et quatre ans  pour qu’elle pèse 3 kilos ?

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